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Rétrospective : musique des années 80 et de Boucherie productions

Boucherie productions

En lisant ce titre, les plus de 30 ans vont essuyer une larme de nostalgie, les moins de 30 ans vont se dire que je vais leur relater un fait divers tragique ayant pour cadre une boucherie avec un assassin prénommé Manu… Mais ce n’est pas le cas, voici un petite rétrospective sur la musique des années 80 et sur le label de musique disparu Boucherie productions.

Boucherie productions

Mais, mes chères lectrices et lecteurs, car je pense que les mecs de plus 30 ans ayant pogoté comme des fous sur “Salut à toi” des Beruriers Noirs et “Amsterdam” de Parabellum vont se précipiter sur cet article dans une vaine quête pour retrouver leurs 18 ans, je prends aujourd’hui la plume pour replonger dans mes souvenirs d’adolescence mais également, pour dénoncer un homme qui se présente comme un anticapitaliste qui “boit de la téquila avec le commandant Marcos”….

Or, ainsi que mon article va brillamment le démontrer, ça n’a pas toujours été le cas….

Remontons un peu dans mes souvenirs et je l’espère, les vôtres.

Nous sommes pratiquement à la fin des années 80. Le mur de Berlin va tomber, nous ne le savons pas encore. Mandela va être libéré, nous l’ignorons aussi. Nous avons cru au changement socialiste et nous avons perdu nos illusions. Mais tout de même, Jack Lang qui a été un grand ministre de la culture nous a offert la fête du cinéma et la fête de la musique.

La musique, justement parlons-en.

Au milieu d’une impressionnante collection de nullités, les années 80 ayant été une des pires décennies pour la musique, une bande d’allumés se bat pour exister.

Ils ne sont pas au top 50 présenté par Marc Toesca, ne passe pas sur NRJ qui a eu droit à une grande manif de solidarité quelques années plus tôt, mais existe notamment grâce à un olibrius dont le moins qu’on puisse dire est que son aspect physique prouve qu’il se fiche des recommandations sanitaires actuelles (car ça parait incroyable mais dans ces années-là, on considérait que les gens étaient responsables de leurs actes, donc on ne leur bombardait pas des recommandations à tout bout de champ…) : François Hadji Lazaro.

François Hadji Lazaro, fondateur de la maison de disques indépendante, boucherie productions. François Hadji Lazaro, chanteur des Garçons Bouchers et de Pigalle. François, un phénomène et le chef de file du mouvement alternatif.

Dans son sillage, d’autres groupes sont venus les rejoindre : je ne citerai que les plus connus et mes préférés : Berurier Noir et le dantesque “Salut à toi”, Parabellum et sa reprise allumée de l’ “Amsterdam” de Jacques Brel, Ludwig von 88 et ses “trois petits keupons” OTH qui réclamait l”euthanasie pour les vieux rockers”.

Et les Wampas.

Les Wampas ! Même aux plus de 30 ans, ce nom évoque quelque chose ! Durant l’été 2001, “Manu Chao” refrain ironique et décapant a envahi les ondes offrant à ce groupe qui tourne depuis des années quasiment son premier tube. Reprenons en choeur le refrain éternel “si j’avais l’portefeuille de Manu Chao, j’partirai en vacances avec tous mes potos si j’avais le compte en banque de Louise Attaque j’partirai en vacances au moins jusqu’à Pâques !”

Ce que bon nombre d’entre nous ignorent, c’est que derrière ce refrain rigolard se cachait une vieille rancoeur…

Avant son bonnet, son “clandestino”, ses indiens chappas, son altermondialisme et sa haine de l’impérialisme et des USA, Manu Chao était le chanteur d’un groupe fantastique : la Mano Negra.

Ah ! La Mano Negra ! Pour ceux et celles qui ne connaissent de Mano Negra que les ennuyeuses complaintes latinos, précipitez vous chez les disquaires vous procurer “Patchanka” et éclatez vos enceintes en écoutant le méga tube “mala vida” le véritable film noir “laventura” (“paul carbone est tombé du train en se tenant le ventre à deux mains c’était en 1963 qe l’aventure se termina pour Paul Carbone dit Ventura et plutôt mal comme il se doit pour un truand sans foi ni loi…”) et au passage vous apprendrez que Delanoé n’a pas eu le premier l’idée des nuits blanches.

La Mano Negra était le premier groupe ayant signé avec le label Boucherie Productions à avoir un vrai succès populaire…évidemment, cela attirait les vautours.

Les vautours arrivèrent, prenant la forme de la maison de disque Virgin…

Que croyez vous qu’il s’est passé ? Que l’alter mondialiste donneur de leçons a refusé les avances du grand capital et du fort peu marxiste Richard Branson ? Qu’il s’est accroché à la petite maison de productions qui lui avait donné sa chance ?

Si vous croyez ça, je vous le dis tout net, amis et amies : je vais vous bousiller vos illusions d’un seul coup de souris.

Manu Chao et la Mano Negra ont signé. Ils sont partis chez Virgin et y ont sorti leur second disque “puta’s fever” qui annonçait le Manu Chao latin et (selon moi) enquiquinant.

La Mano Negra a fini par se séparer, Manu Chao a continué en solo et est devenu extrêmement riche en crachant sur le grand capital à qui il a pourtant vendu son âme et surtout l’esprit des Boucheries Productions.

Les Wampas en ont fait un tube, belle vengeance.

François en a lui fait une de ses plus belles chansons “chez Rascal et Renant” qui en quelques mots simples

“chez Rascal et Renant, c’était comme au bal
pourquoi vous tous qui veniez là
vous avez changé, vous avez renié
tout ce qui nous faisait rêver…”

décrit l’étendue de sa tristesse et de sa déception.

Depuis Boucherie Productions ont fermé leurs portes et Didier Wampas continue à conduire son métro pour gagner sa vie…Pas la peine de vous dire que Manu Chao n’en a pas besoin.

PS : pour ceux qui désireraient en savoir plus sur les groupes de ce mouvement, je conseille la lecture de “bye bye blondie” de Virginie Despentes. Je ne l’apprécie guère d’habitude mais ce roman est d’une mélancolique nostalgie…comme je l’espère, cet article.

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Parenthese

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