Culture

Pourquoi les livres papiers ne doivent pas être remplacés par les liseuses?

livre papier vs liseuse

Je me rappelle du livre que je tenais à la main quand il a fait le premier pas dans la cour du collège et qu’il m’a embrassé sur la joue… J’avais douze ans. “Les 10 petits nègres” d’Agatha Christie… Alors pourquoi vouloir remplacer l’émotion et les souvenirs que procurent un livre papier par une liseuse… un livre électronique !

livre papier vs liseuse

Un an plus tard, il me liait définitivement à eux pour la vie, “Le Parfum” de Patrick Süskind. Et puis il y en a un que j’ai racheté 4 fois (si si !) à force de le lire et de l’oublier partout: “La nuit des temps” de Barjavel… pour finalement me voir offrir un exemplaire de la première publication, par un ami cher.

Je m’en souviens comme si c’était hier, j’ai même pleuré dans le dernier chapitre: “Le Bal des Louves” de Mireille Calmel. “Jack l’Eventreur” de Stéphane Bourgoin m’a conduit à me passionner pour l’étude comportementale des serial killers. Je n’ai d’ailleurs jamais décroché, et j’ai toujours en moi le regret de ne pas avoir fait mes études de psycho.

Ce sont les 3 tomes de “La tapisserie de Fionavar” de Guy Gavriel Kay, que ma soeur aînée m’a offert le jour de mon 24ème anniversaire. Le jour aussi où elle m’a appelé “sa soeur” pour la première fois devant des étrangers. Vous auriez du voir comment j’étais fière ! Un vrai paon ! J’ai poursuivi Béatrice à travers Dante et sa “Divine Comédie”. J’ai ri de l’insolence de Sade quant à sa “Philosophie dans le boudoir”… Mon voisin de table aussi d’ailleurs.

J’ai envié Sugar, la prostituée londonienne pour sa culture et son intelligence dans “La Rose pourpre et le Lys”. J’ai pris en pleine gueule les traumatismes du viol grâce à “La nostalgie de l’ange” et “Lucky” d’Alice Shebold, elle-même victime. Et j’ai suivi la mutation de leur amitié en amour, leurs silences entendus, sur fond de meurtres en série, cannibales ou rituels, dans la trilogie de Maxime Chattam.

Ils m’ont accompagné toute ma jeune vie. Dans les bons et les mauvais moments. Leur grain, leur odeur, leur bruit. A chacun d’eux je peux associer une anecdote, un passage de mon existence, une émotion. Et dieu sais si j’en ai eu entre les mains. Je ne les ai pas compté. J’ai cessé à 300 en fait. C’est une véritable histoire d’amour entre nous. Je les aime et ils me le rendent bien. En me permettant de fuir quelques instants.

Oui, nombreux sont ceux qui ont croisé ma route…

Mais vous voulez que je vous dise duquel d’entre eux je n’oublierai jamais aucun chapitre ? Celui qui m’a tenu éveillée les longues nuits d’angoisse passées au chevet de mon père. Les dernières. Les plus dures… “Le lit d’Aliénor” de Mireille Calmel. J’ai encore dans la tête le son de la vieille machine à écrire fictive qui imprimait en rythme, les mots dans mon cerveau… Clap-clap-clap… Et je ne parle pas de l’émerveillement dans mes yeux à chaque fois que j’en ouvre un nouveau ou que je trouve la perle rare au détour d’une bouquinerie bien cachée.

Alors quand je lis que les liseuses vont remplacer les livres, ça me fout la gerbe. Oui, l’expression est un peu dure, je vous le concède, mais je ne trouve pas d’autres mots pour exprimer aussi clairement mon indignation !

Le livre électronique… Cette mise à mort physique, c’est un peu comme de tirer un trait sur 1 000 ans d’histoire.

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TinyLizzie

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