J’avais un peu peur d’aller voir cette lecture poétique. A lire le titre Maelström Excrémentiel, je m’étais dit (injustement) qu’il s’agissait peut-être d’une lecture dont le champ sémantique serait trop compliqué et que par conséquent, je n’en saisirai pas la valeur, ou alors qu’il s’agissait simplement d’une bonne masturbation intellectuelle.
Et bien, j’avais tort sur toute la ligne et j’aurais dû déceler quelques indices dans le pitch :
« Un quidam damné se trouve entraîné dans un maelström hallucinatoire où s’accouplent des muses lubriques et des ratiocinations poétiques. Il rencontre la patronne d’un petit restaurant, Ornella, mutique, et son doberman, amant protéiforme, qui inversent les rôles pour un rite sacrificiel zoophile. Tous trois accueillent avec une élégance pseudo-sadienne et une jouissance du langage perverse polymorphe les clients pour une orgie scatophile. Puis, dans la débauche, comme une aberration nait l’amour entre Ornella et le quidam régressant rebaptisé Œdipe. A l’atmosphère crépusculaire d’un musée Grévin nécrophile succède l’Apocalypse où triomphe Ornella, déesse-mère putanesque chevauchant le doberman à sept têtes. »
Catherine Gil-Alcala, auteure et interprète de Maelström Excrémentiel
Elle juxtapose et joue avec les mots avec une énergie déconcertante. Par son texte, elle ridiculise ce personnage que nous avons tous rencontré un jour dans notre vie, celui qui use et abuse de mots complexes sans forcément en saisir le sens pour se faire mousser ou valider ses sophismes.
Ce texte est d’une richesse incroyable
Nous étions seulement 4 dans la salle (qui peut contenir plus de 30 personnes). Ce petit nombre a permis une certaine promiscuité avec l’artiste, ce qui nous a amenés à discuter autour d’un verre avec elle après son récit. Nous avons échangé avec Catherine Gil-Alcala sur les thèmes abordés dans son texte : la nécrophilie qui nous a amenés sur les serial-killers, puis le viol qui nous a dirigé vers le déni de grossesse, nous sommes revenus au fétichisme parce qu’elle utilise des fétiches durant la pièce.
Suite à cela, nous avons évoqué la Venus à la Fourrure (de Sacher-Masoch : d’où la naissance du terme masochisme) puisqu’elle utilise un manteau de fourrure. Une bonne partie de la psychanalytique sexuelle est passée en revue : Lacan (qui se retrouve au musée Grévin), Freud (Œdipe), Sacher-Masoch (la Vénus à la Fourrure), Sade (les 120 jours de Sodome)…
Malgré la sémantique complexe utilisée par Catherine Gil-Alcala et ses références littéraires, le texte n’a rien de pédant
Derrière cette lourde présentation, il y a beaucoup d’humour. Nous ne nous sommes pas cachés pour rire aux éclats. N’oublions pas que ce texte est un recueil d’obscénités et d’insanités abjectes joliment dites tout simplement. Tous les mots semblent présentables et dénués de toute vulgarité, c’est d’ailleurs le cas. A y réfléchir et à partir du moment où l’on se concentre un petit peu pour saisir le sens des phrases, les visages se dérident et l’on se rend compte de la teneur réelle du texte, c’est là le moment jouissif de chacun à l’écoute du récit de l’auteure.
Inutile de s’inquiéter si l’on ne saisit pas le sens de tous les mots, ce n’est pas le but, il faut prendre le texte dans son ensemble.
Catherine Gil-Alcala joue avec les mots de manière orgasmique et j’ai envie de jouir encore et encore. Je vous conseille vivement d’y aller – non, c’est un ordre ALLEZ-Y ! – pour ma part j’ai très envie d’y retourner ou alors que son texte soit publié pour pouvoir le lire et le relire mais c’est tellement mieux de voir l’auteure réciter son poème à gorge déployée.
Jusqu’au 26 mai 2010, les mardis & mercredis à 21h45.
Tarifs : 16 €.
Théâtre Les Déchargeurs – Salle La Bohème
3 rue des Déchargeurs – 75001 Paris.
Métro : Châtelet
Poésie érotique surréaliste (Durée : 1h15)
Laisser un commentaire