Quand j’étais ado et que je lisais des magazines pour jeunes filles (pas en fleur), au milieu des années 90 donc, il y en avait moins que maintenant. Clairement à l’époque, on était Jeune&Jolie ou 20Ans, comme on était d’ailleurs à la même période Oasis ou Blur. Moi, j’étais Oasis et 20Ans.
Je trouvais Jeune&Jolie trop girly, trop rond, trop rose et même s’il m’arrivait de l’acheter parfois (soyons honnêtes), je lui ai toujours préféré la maquette simple, épurée et efficace de 20Ans et surtout son contenu édito fantastique. Et puis à l’époque, “Rupture : Comment tout faire pour qu’il revienne” me parlait beaucoup moins que “Êtes-vous une hyène ?”.
J’ai commencé à lire 20Ans à mon entrée en seconde, à 14 ans
Je crois que je l’ai lu à peu près jusqu’à MES 20 ans, peut-être un peu avant, je ne saurais même pas dire pourquoi j’ai cessé de le lire mais je me rappelle très bien ce qui me faisait le racheter encore et encore. Le ton, cynique, réaliste, engagé, sans pincettes, sans paternalisme, ce ton qui rendait le magazine intelligent, intéressant, drôle et décalé. Ce ton que l’on retrouvait dans toutes les rubriques et qui correspondait à “l’esprit” 20Ans. C’est en grande partie de cet esprit dont les témoignages recueillis par Marie Barbier nous parlent.
En revenant sur la décennie 1993-2003, décennie pendant laquelle 20Ans a tourné sous la houlette d’Isabelle Chazot, Marie Barbier nous propose ici une anthologie, un décryptage de ce qui rendait ce magazine si particulier ainsi qu’un retour en arrière sur les figures qui l’ont constitué, les esprits qui s’y ébrouaient et le contexte politico-pubo-commercial dans lequel tous évoluaient.
Diastème bien sûr, le Dr Perlmutter, Alain Soral, Simon Liberati, Michel Houellebecq
Ou moultes journalistes qui écrivaient alors sous pseudo, tous avaient un style qui justifiaient leur présence dans l’équipe d’Isabelle Chazot. Comme elle le dit “Tous les gens qui écrivaient pour 20Ans avaient de l’humour, mais aussi de la défiance vis-à-vis de la pensée correcte, de l’info officielle, une conception scabreuse des relations humaines”. Clairement une grosse partie des articles du 20Ans de l’époque ne passeraient plus du tout dans la presse actuelle.
L’ouvrage collectif de Marie Barbier est une perle
Il permet à ceux (comme moi) qui ont connu le 20Ans des 90′s de se replonger dans ce qui en faisait le succès à l’époque et aux autres de découvrir le ton du magazine et des articles aussi épiques que “Le beauf pointu”, “Autopsie d’un coup de foudre”, “Comment se maquiller pour un enterrement ?”, “Les mecs qui ne servent à rien”, ou encore l’horoscope de Sophie Talma qui était une vraie rigolade à chaque numéro.
Le magazine n’était pas tendre avec ses lecteurs / lectrices tout en leur témoignant beaucoup de respect. Disons qu’il était moins question de leur parler gentiment que de leur parler vrai. Comme le souligne Julie Rambal, une ancienne rédactrice du magazine, “On ne cherchait pas à consoler les lectrices mais on leur suggérait d’être moins connes”. Et ça marchait. Une perle donc, regroupant témoignages, interviews, articles et historique du magazine. Je suis repartie un court instant dans les années 90 et c’était très agréable 😉
Laisser un commentaire