Témoignages

Je me suis faite agresser sexuellement par un homme la nuit dans la ruelle qui mène à mon appartement

agression sexuelle

Il y a des moments dans la vie où votre existence peut basculer et changer à tout jamais. Des moments où sans que vous ne vous y attendiez, le ciel vous tombe sur la tête et la peur envahit votre cœur. Des moments où vous clignez des yeux en espérant vous réveiller et abandonner tout cela dans un coin hermétique de votre cerveau.

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J’ai vécu ça. Et j’ai beau savoir que je me suis fait agresser sexuellement par un inconnu dans la ruelle qui mène à mon appartement, j’ai toujours peur. Et j’ai beau savoir que je ne risque plus rien, j’en tremble encore. Je marchais en vacillant sur mes talons pour rentrer chez moi quand un type m’a suivi. Au début je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas qu’il me suivait moi particulièrement. Je ne l’avais même pas repéré.

Le bruit de mes talons résonnait clair et fort dans le silence et le froid de la nuit. Je marchais avec dans la tête un air stupide, une musique entêtante et complétement débile, un hit de radio tellement cosmiquement nul qu’il semblait déjà has been. Je faisais bien attention à ne pas marcher sur les lignes du trottoir pavé, et je n’avais pas encore remarqué qu’il s’approchait. Je n’avais pas remarqué qui il était…

J’étais à trois rues de ma maison

Trois rues d’un chocolat chaud que j’imaginais déjà fumant et fondant. J’étais bien, légèrement déphasée et souriante avec ce cocktail de fatigue et d’ivresse qui vous fait avancer d’un pas lourd et hypnotique, à peine conscient des choses qui vous entourent. J’avais envie que le temps s’accélère et que par magie je sois déjà chez moi, en pyjama immonde mais confortable pour regarder le vent agiter les arbres de ma fenêtre. Alors j’avançais en savourant d’avance ce moment.

Je suis rentrée dans la ruelle. “LA” ruelle. Hannah a toujours détesté cette ruelle, depuis la toute première fois qu’à pied nous allions visiter mon futur T1Bis. Le mot qu’elle a utilisé en jetant un regard dédaigneux à la voie tortueuse était “coupe gorge”. Je n’y ai pas pensé en pénétrant dans le passage, je m’habituais peu à peu à la glauquitude de l’endroit.

Les murs étaient en briques délabrées et au sol les pavés étaient parfois descellés rendant mon petit jeu repousse-ennui plus ardu. L’acoustique y était également différente, les sons y étaient plus étouffés, plus mat, renforçant cette impression d’avancer dans un trou de serrure.

C’est là que l’homme m’a fondu dessus pour m’agresser sexuellement

Me poussant contre le mur et plaquant sa main sur ma bouche étouffant ainsi mon cri de surprise. Son autre main a commencé à farfouiller dans mes vêtements, à baisser la fermeture éclair de mon manteau et à tirer sur ma robe. J’étais tétanisée, incapable de bouger, incapable de ne serait-ce que croire que cela m’arrivait.

Mes yeux étaient écarquillés au maximum mon sang me battait aux tempes, et mon regard était fiché sur celui de mon agresseur. Je voyais ses lèvres remuer et aux bourdonnements de mon coeur dans mes oreilles s’ajoutait ses sifflements rageux. ”Pute, sale pute.”

Ses mains ont alors plongé dans mes collants, les déchirant au passage et sa main a touché mon sexe. J’ai eu alors comme un électrochoc, mes membres qui étaient resté impuissant étaient soudainement plein de tensions et de forces. Je me suis dégagée et j’ai tapé aussi fort que j’ai pu dans ses couilles. Il a lâché son emprise en grognant de douleur et j’ai couru, couru aussi vite que j’ai pu. La nuit n’était plus du tout silencieuse, elle résonnait des bruits de ma course éperdue jusque chez moi, elle résonnait des cris de l’homme derrière moi.

Je ne me suis pas arrêtée, ni retournée, j’ai couru jusqu’à mon immeuble où j’ai monté les escaliers quatre par quatre et failli briser ma clé en l’enfonçant dans la serrure. J’ai ouvert la porte à la volée, fermé tous les verrous et me suis laissée glisser à terre, secouée de sanglots.

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Dahlia Stones

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