Sexe

Témoignage d’une femme transgenre qui a un pénis et qui l’aime plus que tout

transgenre

Les filles l’imaginent gros. Et dur, évidemment. J’en rajoute, je les encourage : oui, elle est énoooorme ma bite. Parce qu’une fille intriguée est à moitié dans mon lit de femme transgenre, et ça tombe bien, avec une moitié de fille on peut déjà faire plein de choses. Et puis je sais qu’elle l’aimera, mon pénis. En tout cas, moi, après avoir passé la matinée à l’observer sous tous les angles, j’ai décidé de l’aimer.

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Alors que les autres mecs complexent et perdent leur temps en concours dont l’ego sort toujours perdant, j’ai décidé d’être un homme qui assume son pénis. Jusqu’au bout du gland. J’ai élagué les poils tout autour pour lui faire gagner deux centimètres, parce que quand même, en bon mec j’ai totalement surinvesti la zone, mais à part ça je fanfaronne. Tu sens comme elle est dure ? Elle touche, elle sent.

L’avantage de ce pénis tout neuf, c’est la réponse à mes questions existentielles

Celles dont j’assommais mes potes quand j’étais encore une fille. Alors ça fait quoi de bander ? Et bien pas grand-chose, à part tirer sur la couture du jean. D’éjaculer ? Je vais voir ça tout à l’heure. De jouir entre les seins de ma partenaire ? Hmm, j’espère qu’elle sera d’accord. C’est vraiment si différent la pénétration vaginale et anale ? Alors là, je me fais confiance pour la convaincre – je n’ai pas été une fille pendant trente ans pour échouer maintenant. Je te préviens, je veux tout, tout de suite. Elle dit oui, elle ne sait pas à quoi.

Je pensais que les pulsions seraient plus fortes

Où est ma testostérone bordel ? Je suis dans ce bar depuis deux heures et je n’ai encore ressenti le besoin de frapper personne. On m’aurait menti ? Mince, comme fille j’étais vachement plus énervée.

La demoiselle a l’air cuite à point

Elle chuchote qu’elle habite à deux rues d’ici… tant pis pour la subtilité, mais merci pour l’invitation. En bon gentleman, je la laisse payer (hé oui, mon pénis se mérite) et je couvre ses épaules avec ma veste. Mais bordel il fait -12 dehors !! Mes testicules prennent cher. Mon beau pénis devient mou et minuscule. Je comprends toutes les expressions vulgaires du monde, et du même coup, le drame silencieux de la moitié de l’humanité. Ma moitié de l’humanité.

La ruelle est glauque mais je ne regarde pas derrière moi, parce que je suis un homme, un vrai. Il fait super froid. Une main sur son épaule, une main dans ma poche pour me réchauffer les parties sensibles. Il faut au moins ça.

Bonne nouvelle : son appartement est chauffé.

Je prends la salle de bain, j’observe ses produits de beauté, ses tampons hygiéniques (ha ha, adieu tampons !), je cherche un sextoy oublié qui pourrait me permettre de cerner ses goûts sexuels. Rien. Autant pour mon côté Sherlock Holmes. Je fais pipi en ratant la cuvette – merde. Je nettoie maladroitement, c’est fou comment on peut viser aussi mal avec un engin aussi adapté. Et puis je me console, après tout je ne suis pas un homme depuis longtemps, alors que certains passent cinquante années à toujours rater la cuvette. Allez. Je suis propre. Je suis prête… enfin, je suis prêt.

Roulage de pelles sur le canapé. Je garde le contrôle, tout en virilité pas contraignante, je prends son visage entre mes mains, je tente de l’habituer doucement à ce que je prenne les devants. Elle ne résiste pas. Bon. Je dégrafe le soutien-gorge avec un seul doigt, je trouve du premier coup la fermeture éclair cachée sur le côté de la robe, je sais que c’est de la triche mais ce ravissant ensemble H&M, je le connais par cœur, hier je portais le même. Et avec un plus gros bonnet.

Et voilà ! La demoiselle est toute nue, et moi encore tout habillé

Elle voudrait que j’enlève mes vêtements, bien sûr, mais je préfère prendre le temps de la regarder. L’épilation date de la semaine dernière. Elle sent le déo anti-transpirant. Mon dieu, c’est quoi ce vieux piercing au nombril ? Et le tatouage pseudo-tribal au-dessus des hanches ? Saperlipopette, je suis tombé sur une biatch qui n’assume pas.

Soudain le reste me saute aux yeux. Elle portait des leggings. Non mais sérieusement, elle croit que je vais me taper le catalogue modasse de 2007 alors qu’on est en 2008 ? Et les accessoires, ils sortent de chez Claire’s… manque plus que… ah mais ce n’est pas une blague, elle a acheté ses escarpins chez Newlook. Elle me prend pour qui ?

Mon pénis sait qu’on ne met pas du rose avec du orange, encore moins sur ses paupières, mon pénis te recommande le violet, mon pénis n’a pas de racines de 3cm, mon pénis trouve évident que le cuir revienne à la mode, mon pénis il tape pas en-dessous de la meuf qui s’habille chez Zara, putain, mon pénis a lu Elle tout l’été !

Je me barre en claquant la porte. Mon pénis, il se mérite. Et la sodomie ? Bah, ça peut attendre.

A propos de l'auteur

Maia Mazaurette

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