Témoignages

La mémoire ne s’impose pas

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Il y a deux jours, notre président à nous qu’on a et dont personnellement j’attends surtout qu’il trouve un moyen de renflouer des caisses prétendument vides – et pas trop d’être mon guide spirituel- a lancé un nouveau pavé dans la mare. A compter de l’année prochaine, tous les enfants de CM2 se verront confier la mémoire d’un enfant juif mort dans les camps, a-t-il décrété.

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Assez cocasse, soit dit en passant, de la part d’un homme qui pas plus tard qu’il y a quelques mois, expliquait que la France n’avait somme toute pas grand chose à se reprocher quant à son attitude envers les juifs lors de la seconde guerre mondiale. Pas grand chose si ce n’est la mort de 11 000 enfants déportés avec la bénédiction des autorités françaises, tout de même.

Mais là n’est pas le problème. Le problème, et là je parle en tant que mère autant qu’en tant que citoyenne, c’est que je ne vois pas en quoi nos enfants – en plein processus à cet âge là d’apprivoisement de la mort – devraient endosser la mémoire d’un enfant martyriséd’un enfant fantôme dont il n’est en rien responsable de sa mort. Je vois encore moins pourquoi et de quel droit le président de la République peut décider unilatéralement d’imposer cela à nos enfants sans que nous, parents, ayons le moindre mot à dire.

La mémoire n’est pas l’histoire

La mémoire ne s’acquiert que par l’histoire, elle ne se greffe pas. En tous cas pas par un subterfuge basé sur l’émotion et pompé à des méthodes américaines contestables. Il n’est pas nécessaire de s’approprier le souvenir d’un enfant pour intégrer la dimension abominable de la Shoah. Je fais personnellement confiance au corps enseignant dont il est le devoir, en classe de troisième, d’enseigner ce triste épisode de notre histoire. Je suis également pour que la lecture du Journal d’Anne Franck ou du Sac de Billes soit au programme. Je suis pour toutes les tentatives d’explication de l’inexplicable, pour la diffusion systématique du film de Claude Lanzmann, “Shoah” au lycée. Je suis pour les interventions d’anciens déportés ou d’enfants d’anciens déportés. Je suis contre l’oubli, peut-être parce que je suis petite fille de prisonnier de guerre et petite nièce de résistant déporté et disparu, mais surtout parce que ces lectures, que j’évoque plus haut, m’ont marquée, que les cours d’histoire m’ont appris ce qui avait été.

Mais je suis contre l’idée d’instrumentaliser nos enfants. Les rendre responsables en quelque sorte de fautes qu’ils n’ont pas commise. Parce que c’est un leurre de penser qu’en leur faisant ce “cadeau” ils ne se sentiront pas “responsables”.

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PenseeDeRonde

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